Faire du volume


Faire du volume
La vision 2D du space planning ou les perspectives intérieures avantageuses auxquelles nos clients sont habitués à être confrontés sans alternative, offrent des représentations biaisées des volumes existants et projetés. Or, le volume est une matière première de notre travail de conception. Elle est source de contraintes et d’inspirations tout à la fois, d’une importance première dans les deux cas.
S’il est possible de « pousser les murs » selon l’expression commune, les plafonds et les planchers offrent beaucoup moins de marges de manœuvre, surtout dans la construction contemporaine qui systématise faux plafonds et faux planchers. Et pourtant c’est bien entre l’un et l’autre que se joue, parfois à quelques centimètres seulement, la qualité d’usage et le bien-être d’un espace. Couleurs, matières, éclairages… de tous temps, les concepteurs ont usé d’artifices pour donner plus d’ampleur aux volumes contraints. Sans doute l’architecture intérieure intègre-t-elle inconsciemment comme un défi incontournable ces faibles hauteurs qui poussent le concepteur à ses propres limites. C’est un tort. Chaque fois que c’est matériellement possible, il faut aller chercher à nos pieds ou au-dessus de nos têtes ces quelques centimètres qui décuplent le volume ou le sentiment du volume : c’est un incroyable gisement d’air !
Or, les standards locaux incitent les propriétaires à poser des faux plafonds, supposés valoriser leurs espaces. Les propriétaires anglosaxons, adeptes du shell and core, préfèrent proposer des volumes bruts, laissant le preneur décider de la hauteur sous plafond. Cela évite de débuter un projet par la dépose de dalles neuves, pure aberration écologique et économique et perte de temps absurde. D’autant que, dans certains cas, la dalle nue, parcourue par les câblages et équipements techniques de toute sorte peut être laissée apparente. Y compris dans des espaces tertiaires sophistiqués.
Il nous arrive, à l’inverse, d’assumer des volumes « écrasés » sans les dédier à des usages subalternes ou tenter désespérément de les grandir artificiellement. Cette anomalie au regard des normes et des usages vaut par sa différence. C’est souvent dans ce type d’espaces que les utilisateurs aiment à se retrouver ou s’isoler. C’est comme ça.






