Toute la lumière

Toute la lumière

À l’inverse de l’architecture, l’architecture intérieure, qu’elle soit tertiaire ou commerciale, a longtemps eu tendance à penser spontanément la lumière dans sa version artificielle. La permanence de l’éclairage des bureaux et des boutiques, garanti à n’importe quelle l’heure de la journée et par n’importe quel temps, formait un solide postulat. Une lumière docile, disponible et constante, réglable et orientable, satisfaisait alors une infinité de situations. Elle révélait même un art très technique, celui des « ambiances lumineuses ».

Certains de ces besoins, pour lesquels rien ne remplace l’électricité, demeurent évidemment. Mais aujourd’hui, la sensibilité environnementale et sociétale, l’exigence de l’écologie et de la maîtrise énergétique, la préoccupation de la santé et du bien-être au travail ont sensiblement grandi.

Avec, comme conséquence directe, le choix prioritaire assumé de la lumière naturelle dans nos approches conceptuelles. Avec, comme conséquence indirecte, mais essentielle, la re-hiérarchisation des espaces et des fonctions. Historiquement, les plus nobles, comme l’accueil, la réunion, la direction s’exposaient d’évidence au premier jour. Les plus banals, circulations, espaces de travail collectif, cafétérias… pouvaient se contenter de second jour compensé par une débauche de luminaires, poste de dépenses central dans le budget travaux. Cette bascule a été opérée depuis plus de 20 ans aux États-Unis, là où la profondeur des plateaux atteint 30 à 40 mètres contre moins de vingt en France.

L’accès au jour naturel pour les espaces les plus usités rebat les cartes du space planning. Fini les plateaux, couloirs, restaurants, phone boxes… artificiellement éclairés ; bienvenue dans les salles de réunion à la lumière contrôlée idéale pour les vidéo-projections et les visioconférences. Cette recomposition générale de l’espace de travail engendre immédiatement un sentiment unanime d’agrément chez les utilisateurs qu’ils peinent à expliquer. Comme un retour à l’évidence.

Pourquoi ? Parce que la lumière naturelle, avec l’infinie palette de ses déclinaisons, reconnecte l’humain à son environnement extérieur, celui de la ville et du temps. Du temps qui passe et du temps qu’il fait. L’architecture intérieure la fait simplement entrer par les fenêtres.